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Consulter un psychologue après avoir subi des violences sexuelles

Aujourd’hui, c’est la Journée internationale des droits des femmes. L’occasion pour nous de faire un point sur l’impact des violences sexistes et sexuelles sur la santé mentale des étudiantes. Effectivement, qu’elles en soient victimes ou témoins, les étudiantes sont toutes confrontées aux violences sexistes et sexuelles au moins une fois pendant leurs études supérieures. Remarques déplacées, blagues oppressantes, harcèlement, attouchements, agressions… Autant d'éléments qui alourdissent considérablement la charge mentale des étudiantes au quotidien et qui sont parfois sources de sérieux problèmes psychologiques.
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Aimee Sex Education
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Aimee dans "Sex Education" avoue à ses amies se sentir incapable de prendre le bus depuis qu’elle y a été agressée sexuellement (S2E7)

Les étudiantes victimes d’agressions sexuelles et de sexisme

Pendant ses études, 1 étudiante sur 10 est victime d’agression sexuelle et 1 sur 20 de viol, informe l’Observatoire des Violences Sexiste et Sexuelle dans l’Enseignement Supérieur. Les autres étudiantes peuvent elles être victimes de sexisme ordinaire, qui ne s’arrête malheureusement pas aux portes des établissements scolaires. Le sexisme ordinaire, c’est par exemple ce pote qui te coupe sans arrêt la parole, ce petit copain qui ne te prend pas au sérieux quand tu lui fais un reproche car il te juge trop émotive et irrationnelle, ou encore ce prof qui ne demande qu’aux filles de sourire un peu plus en classe. Tu vois très certainement de quoi on parle — et c’est bien ça le problème.

Olivia Benhamou, psychologue clinicienne et sexologue en milieu universitaire, nous rapporte effectivement qu’un nombre important de ses jeunes patientes a été victime d’agressions sexuelles et ne s’en rend parfois compte que longtemps après. Mais alors, quel impact cela a-t-il sur la santé mentale des étudiantes ? 

Un impact indéniable sur la santé mentale des étudiantes

On aurait bien aimé appeler cette partie “L’impact indéniable sur la santé mentale des étudiantes concernées mais cela aurait été un pléonasme puisqu'effectivement toutes les étudiantes sont concernées.

Dans un premier temps, la santé mentale des étudiantes victimes de violences sexuelles (attouchements et viol notamment) est systématiquement impactée. Chaque expérience traumatique étant différente, les conséquences observées sur la santé mentale varient. Mais on observe tout de même des similitudes. Dans un premier temps, les victimes peuvent se trouver dans un état de sidération : elles ne réagissent pas car elles ne comprennent pas ce qui leur arrive. Après coup, le retour de bâton peut être violent : cauchemars, crises d’angoisses, reviviscences traumatiques, phobie sociale, dépression, anorexie — la liste des symptômes potentiels est très longue. Cette étude démontre notamment que, chez les 15-24 ans, les symptômes dépressifs sévères sont significativement plus fréquents chez les femmes ayant subi des violences physiques ou sexuelles.   

    Dans un second temps, la santé mentale des autres étudiantes, celles qui ne sont pas elles-mêmes victimes d’agressions sexuelles mais en restent témoins, est également impactée. En effet, le simple fait de savoir qu’il est possible de subir ce genre d’agression peut engendrer du stress ainsi qu’une hypervigilance dans les situations identifiées comme potentiellement dangereuses (le soir par exemple). Mais si ! Tu sais, quand tu as tellement peur de rentrer seule chez toi que tu te retournes toutes les 10 secondes pour t’assurer que personne ne te suit ou que tu coinces tes clés entre tes doigts pour te faire un poing américain improvisé. Ces réflexes de survie sont induits par l’état de stress dans lequel on se trouve parce qu’on sait d’expérience que quelque chose pourrait nous arriver.

    Ainsi, les violences sexistes et sexuelles, non seulement en tant qu’expériences traumatiques mais également en tant qu’instigatrices d’un climat social anxiogène pour les femmes, impactent la santé mentale des étudiantes à court, moyen et long terme. Cependant, rien n’est irréversible et des solutions existent pour aller mieux.

Des solutions existent

Si tu as été victime d’une agression sexuelle, ta souffrance psychique est légitime. Sache que tu n’es pas seule dans cette épreuve et que des moyens existent pour aller vraiment mieux. Tout d’abord, comprends que tu n’es en rien responsable de ce qui a pu t’arriver. Il n’est pas rare que les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles se remettent en question après leur agression, en se demandant si leur comportement ou leur tenue n’étaient pas trop provocants. Pour contrer ce sentiment de culpabilité, Olivia Benhamou conseille dans un premier temps à ses patientes qui le peuvent et le souhaitent de confronter l’agresseur. Effectivement, dans la majeure partie des cas, les agressions sexuelles sont effectuées par un proche de la victime. Le confronter et lui faire savoir que ce qu’il t’a fait subir n’est pas acceptable est une façon de reprendre le pouvoir sur une situation dans laquelle tu as été instrumentalisée. Si tu appréhendes ce moment, n’hésite pas à te faire accompagner par un·e ami·e ou à passer par l’écrit. Par ailleurs, la discussion avec l’abuseur peut être l’occasion d’obtenir des excuses qui, même si elles ne changent rien à la gravité de la situation, te rappeleront que ce qui t’est arrivé n’est en aucun cas de ta faute et t’aideront à y voir plus clair sur la situation.

Ensuite, il est nécessaire de porter plainte. En effet, il est important, pour tenter de passer à autre chose et commencer à aller mieux, de parler de ce qui t’es arrivé aux autorités compétentes pour espérer obtenir justice.

Enfin, le plus important est de ne surtout pas rester seul·e avec tes souvenirs traumatiques et d’en parler : à tes proches, à un·e psychologue, à une ligne d’écoute, à une association spécialisée dans l’aide aux victimes de violences faites aux femmes... Bref, en parler à tou·te·s celles et ceux qui voudront bien t’écouter. Te décharger de ce poids ne pourra que t’être bénéfique. Prendre la parole t’aidera à faire entendre ta souffrance et te permettre de l’atténuer.

Soutenir psychologiquement une amie victime de violences sexistes et sexuelles

Si ton amie a été victime d’une agression sexuelle, tu bénéficies de plusieurs leviers pour lui venir en aide. La première étape est de l’écouter attentivement sans porter de jugement sur son discours, et, surtout, de la croire. Il est effectivement primordial qu’elle se sente comprise et en confiance pour continuer à parler de ce qui lui est arrivé dans l’espoir de finir par aller mieux. Attention toutefois à ne pas te surcharger mentalement et à préserver ton propre bien-être. En effet, il arrive qu’en écoutant le discours plein de souffrance d’une personne qui nous est chère, on se sente également très affecté·e et que cela entache notre propre santé mentale. Pour apprendre à écouter un·e proche en souffrance sans mettre en danger ton propre équilibre psychique, tu peux consulter notre plateforme jepeuxenpaler.fr, notamment l’outil « Poser ses limites ». 

    Après s’être confiée à toi, ton amie pourrait avoir besoin de l’aide d’un·e professionnel·le de santé mentale. Le second ressort dont tu bénéficies pour l’aider est ainsi de l’accompagner dans la démarche de recherche d’un soutien psychologique adapté. Pour cela, n’hésite pas à te rendre sur soutien-etudiant.info afin de trouver des solutions gratuites pour les étudiant·e·s dans toute la France ou sur nightline.fr pour un annuaire encore plus détaillé (disponible uniquement à Paris pour l’instant). Tu peux également la rediriger vers des associations spécialisées dans l’accompagnement des victimes de violences sexistes et sexuelles. Par ailleurs, si tu te sens submergé·e par la situation, n’hésite pas à t’adresser toi aussi à un·e psychologue.

Enfin, pour l’aider à reprendre le pouvoir sur la situation, tu peux l’encourager à se confronter à son agresseur si elle s’en sent capable. Le soutien d’une personne de confiance lui sera d’une grande aide. 

 

Rédacteur·rice : Rania Ait Hamoudi
Publié le 07/03/2022 à 11h57
Dernière mise à jour le 15/06/2022 à 15h51